C'est l'année de ses treize ans et, dans un mois, Todd Hewitt va devenir un homme. Il est le dernier garçon de Prentissville. Cette ville de Nouveau Monde est uniquement peuplée d'hommes. Depuis longtemps, toutes les femmes et les enfants en ont disparu. À Nouveau Monde, chacun peut entendre les pensées des autres, qui circulent en un brouhaha incessant, le Bruit. Nul ne peut échapper au Bruit, nulle part, jamais...
Dans le village de Todd Hewitt, ne vivent que des hommes.
Les femmes sont mortes, tuées par le virus qui a rendu audibles les pensées… du
moins, c’est ce qui est dit. Dès le début du roman, il est évident que rien
n’est ce qu’il parait et notre héros va l’apprendre à ses dépends dans une
équipée longue et éprouvante qui sera aussi son passage vers l’âge adulte.
Ce roman aurait dû être un coup de cœur : l’univers
construit pas Patrick Ness est original et l’histoire, dans sa globalité, ne
manque pas d’intérêt.
Malheureusement, j’ai décroché plusieurs fois. Le premier
responsable, c’est Todd lui-même. Quel garçon agaçant ! En fait, il se
comporte comme une sorte d’archétype de l’ado qui se cherche et il en devient
caricatural. En effet, quel jeune adolescent plongé dans des expériences aussi
difficiles continuerait à se conduire de manière aussi orgueilleuse et immature ?
Pendant plus de la moitié du livre, il ne brille pas par sa curiosité. Il
manque même parfois carrément de jugeote. Il sent bien qu’on l’a baratiné
pendant toute sa vie mais ne cherche pas vraiment la vérité. Il faudra que Todd
se trouve confronté à des situations encore plus dramatiques pour qu’il finisse
par évoluer. Il devient au final un garçon beaucoup plus sympathique et semble
même avoir gagné en intelligence. D’ailleurs en observant son parcours, j’ai
fini par me demander si tout ça n’était pas voulu par l’auteur. Je
m’explique : le Todd du début était-il ainsi car abruti par le bruit des
autres ? Quoi qu’il en soit, je me suis surprise à souvent lever les yeux
au ciel et j’ai parfois dû fournir des efforts pour continuer ma lecture.
Le second obstacle que j’ai rencontré est relatif à
l’écriture du livre. Je ne parle pas ici du style un peu particulier de ce
récit à la première personne qui donne la parole à Todd. En fait, j’ai beaucoup
apprécié cette utilisation de la langue orale, une langue un peu déformée mais
très réaliste. Non, ce qui m’a gêné ne concerne qu’un épisode du roman. Ce
n’était pas très long mais cela a failli avoir raison de moi. Il s’agit d’un
moment ou Todd rencontre d’autres personnes qui s’expriment dans une espèce de
patois qui est parfaitement illisible. J’ai trouvé cela très désagréable,
inutile voire illogique.
Malgré ces quelques points négatifs, La Voix du couteau
reste un roman jeunesse de bonne qualité, rythmé par des moments d’une grande
intensité et par des scènes qui sont des bijoux de sensibilité. De plus, je
salue la volonté de l’auteur de ne pas tomber dans le manichéisme : pas de
personnages lisses, les décisions difficiles, des erreurs lourdes de
conséquences, des mensonges qui n’en sont pas toujours… l’histoire proposée est
âpre et juste.
Mention spéciale à Manchee, le meilleur chien du monde et
l’un des « personnages » les plus attachants de l’histoire.
Ma note Livraddict : 15 / 20
Cette lecture rapporte un point à mon équipe dans le Cluedo littéraire d'Iliade et compte dans le Baby Challenge Livraddict SF.
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